Les jeunes sont inquiets pour l’environnement… mais leurs habitudes changent peu !

Environnement

La jeunesse française est inquiète pour le climat. Il ressort de la dernière étude menée pour l’Ademe que les jeunes sont conscients de la catastrophe écologique. Pour autant, leurs habitudes concrètes de consommation changent peu…

Les  plus soucieux de la planète ? Les jeunes urbains et les diplômés du supérieur

L’environnement est devenu un enjeu majeur qui, en 2019, se classe chez les jeunes adultes (18-30 ans) en tête des préoccupations (32 % des réponses) devant l’immigration (19 %) et le chômage (17 %). Depuis quarante ans que cet indicateur est suivi par l’enquête Conditions de vie du Crédoc, la proportion n’a jamais été aussi forte.  Parmi les problèmes environnementaux les plus cités par les jeunes adultes, le réchauffement climatique arrive en tête (41 %), suivi de près par la disparition d’espèces végétales et animales (39 %). Parmi eux, les 15-17 ans, les jeunes urbains et les diplômés du supérieur se montrent les plus soucieux de la dégradation de l’environnement.

Les jeunes sont également pénétrés de l’idée que le monde va être profondément bouleversé par le dérèglement climatique. Selon l’enquête réalisée par le Credoc pour l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise d’Energie (ADEME)  : 60 % des 15-24 ans pensent que le changement climatique ne sera pas limité à des niveaux acceptables d’ici à la fin du siècle et 75 % des 15-24 ans pensent que les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles si le réchauffement continue. La sensibilité des jeunes aux questions environnementales se traduit notamment par une progression de leur engagement sous forme de bénévolat ou lors des manifestations. Alors que seuls 3 % participaient à une association pour la défense de l’environnement, la proportion augmente depuis 2016 pour atteindre 12 % en 2019.

Pas de remise en cause du modèle consumériste…

Dans le même temps, les jeunes adultes (18-24 ans) restent des consommateurs hédonistes, attirés par les produits innovants et par l’achat malin ; lors des soldes par exemple. Ils ne se situent pas vraiment en rupture vis-à-vis du modèle de société consumériste dans lequel ils ont grandi et vivent aujourd’hui. 20 % des 18-24 ans disent que pour eux consommer est avant tout un plaisir, soit 8 points de plus que la moyenne de la population.

L’avion, moyen de transport toujours plébiscité

Autre pratique emblématique, à l’heure où émerge une prise de conscience de l’impact écologique du secteur aérien, les jeunes n’ont pas encore commencé à faire des compromis avec leur désir de voyages : 28 % des 18-24 ans déclarent avoir pris l’avion deux fois ou plus au cours des douze derniers mois (+9 points au-dessus de la moyenne).

Une consommation quotidienne peu responsable

Au quotidien, ils ont des pratiques durables moins fréquentes que la moyenne. Ils sont moins nombreux à trier leurs déchets, à acheter des légumes de saison et locaux ainsi que des produits ayant moins d’impact sur l’environnement. Ils limitent également moins souvent leur consommation de viande et réduisent moins leur consommation d’électricité.

Une différence que l’on constate aussi au niveau européen : elle est pour partie liée avec le cycle de vie (situation moins stable, moindre maîtrise des décisions lorsqu’ils habitent chez leurs parents…). Néanmoins, l’exemple de la Suède, pays modèle en termes de sensibilité environnementale, montre que ce n’est pas une fatalité : les jeunes Suédois ont des pratiques plus durables que le reste de la population nationale. Entre 15-24 ans, ils sont notamment plus nombreux à diminuer leur consommation d’eau, à acheter des produits locaux ou avec des garanties écologiques et à éviter le plastique à usage unique.

Le shopping, activité toujours très prisée

En France, les jeunes adultes sont nombreux à vouloir acheter de façon maline: 62 % des 18-24 ans disent avoir fait des soldes de janvier dernier (contre 47 % en moyenne). Quand on leur demande pourquoi ils font les soldes, ils sont plus nombreux à répondre que c’est pour acheter plus (30 % contre 18 % de moyenne) si bien qu’ils évoquent moins souvent la volonté de faire des économies (67 % contre 80 % en moyenne).

D’ailleurs, seulement 56 % des 18-24 ans disent qu’ils réduisent déjà leur consommation de biens et de vêtements en prolongeant leur durée de vie (contre 63 % en moyenne). 25 % disent qu’ils ne le font pas encore mais qu’ils seraient prêts à le faire et 19 % ne sont pas prêts à le faire. De plus, les jeunes sont également moins nombreux à acheter des vêtements écoresponsables (-7 points en dessous de la moyenne pour les 18-24 ans) ou fabriqués en Europe (-4 points).

La technologie fascine toujours autant

Les jeunes montrent également une attirance forte pour les produits comportant une innovation technologique (+6 points au-dessus de la moyenne ; enquête Conditions de vie 2019). Ces achats conduisent souvent à du gaspillage : 33 % des 18-24 ans sont d’accord ou tout à fait d’accord avec l’idée qu’ils jettent de manière trop systématique les produits électroniques et produits électroménagers (contre 23 % de moyenne).

… mais des modes de vie qui semblent commencer à changer

Les jeunes adultes se distinguent par des habitudes plus écologiques en matière de transport : ils privilégient la marche, la bicyclette, les transports en commun, le covoiturage. De génération en génération, ils sont moins nombreux à posséder une voiture et recourent plus souvent à des transports alternatifs qu’ils associent plus volontiers que leurs aînés à un moyen de protéger la planète.

Le boom du covoiturage…

Les jeunes s’orientent ainsi vers le covoiturage : 56 % ont déjà eu recours à ce mode de déplacement pour une courte distance (contre 31 % de l’ensemble de la population), et 46 % sur de longues distances (contre 30 %) selon l’enquête SOeS 2016.

… et des achats d’occasion

Plus que la moyenne les jeunes se saisissent des alternatives à l’achat neuf (achat d’occasion, location, emprunt, revente, troc, etc.). Ils sont plus nombreux à déclarer avoir fait des économies en achetant des produits d’occasion (+20 points au-dessus de la moyenne) et en louant des produits (+ 12 points.). Ces pratiques viennent aujourd’hui plutôt en cumul qu’en substitution de l’achat de neuf, mais elles pourraient cependant être une étape sur le chemin d’une réduction de l’empreinte écologique.

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